J’ai le sentiment que dans nos organisations modernes certains de nos réflexes d’exécution précise nous limitent dans notre capacité à honorer nos rêves (n’est-ce pas là une capacité unique des humains?) et cela ampute sévèrement notre capacité à réaliser notre plein potentiel. Plusieurs entreprises et organisations sont, selon moi, en manque de projets mobilisateurs autour desquels les individus s’unissent.

Ce matin, je me suis rappelé une discussion avec mon ancien collègue Dominic lors de notre vol vers la conférence Agile il y a quelques années de cela. Voici le rêve qui a émergé lors de cet échange : « Créer dans le Nord québécois un super centre de données et de traitements permettant d’offrir à notre gouvernement, à d’autres gouvernements, à des ONG, à nos entreprises et autres organisations des infrastructures informatiques de pointe leur offrant ainsi une capacité d’innovation et d’agilité importante. Les retombées d’un tel projet pourraient être formidables en termes économiques, de création d’expertise, de potentiel d’exportation, etc. Je mettrais au défi l’équipe responsable du projet de faire en sorte d’avoir une empreinte écologique nulle. »

Il s’agit d’un rêve, donc il est sans doute irréaliste dans une grande mesure. N’est-ce pas la définition même d’un rêve?

Jean, un ami que j’ai connu par nos implications mutuelles dans la communauté Agile, était également présent à la conférence Agile 2011. Comme j’aime bien échanger des idées avec Jean et que par surcroît il travaille à Hydro-Québec au moment où je le croise, je me lance et lui exprime le rêve. L’échange était reparti de plus belle!

Il trouve l’idée intéressante. Toutefois, il indique qu’Hydro-Québec, qui a jadis été un grand innovateur (on les appelait les bâtisseurs d’eau), est devenue un grand opérateur. Selon lui, la culture d’innovation s’est grandement perdue.

Ne vous méprenez pas, je ne cherche pas à réduire l’importance d’une excellence opérationnelle pour insister sur le rêve et ainsi vivre dans un monde imaginé et désincarné. Je nous invite à intégrer le rêve et le pragmatisme. N’est-ce pas un aspect fondamental du rôle de leader que de créer des lieux de conversation où les individus se retrouvent, expriment des rêves ou ce qui les motive au travail, s’écoutent profondément les uns les autres et décident des actions à prendre? En d’autres termes, des conversations dans lesquelles le sens individuel que chacun met à œuvrer dans une entreprise nourrit le sens collectif et que ce sens collectif en retour nourrit les individus.

Cela fait sans doute émerger pour certains des questions comme celles-ci : « Quel genre de culture d’entreprise favorise l’émergence et la réalisation des rêves? Quels sont les avantages de prendre le temps de rêver ensemble? En quoi cela est-il lié à la performance d’une organisation? Par où commencer? Etc. »

Je n’ai bien sûr pas de réponses toutes faites à ces questions complexes. Personnellement, j’aime favoriser la création de symboles et d’histoires qui permet de véhiculer les rêves, l’identité distincte et les valeurs qui unissent un groupe. D’ailleurs, l’utilisation du storytelling est une pratique de plus en plus reconnue pour son efficacité en milieu organisationnel. Étant donné que l’organisation et les personnes qui y œuvrent sont en constante évolution, je crois aussi important de prévoir des moments fréquents pour avoir ce type d’échange. Dans le cas de Pyxis, par exemple, nous avons nommé notre logo Edgy et j’aime amener des gens à se raconter en décrivant des accessoires fictifs qu’Edgy pourrait porter ou des situations qu’il pourrait vivre.

Pour revenir à l’échange avec Jean, à un certain moment, il m’a dit : « Trop souvent à Hydro, tu n’as pas encore terminé d’énoncer une idée ou un projet qu’on te demande un plan. » Et il a ajouté : « Je n’ai pas encore de plans, j’ai des rêves. »

Merci beaucoup Jean pour cette phrase que je trouve pleine de sagesse et qui m’habite encore aujourd’hui. Je n’ai pas de plan précis… Je m’identifie aux bâtisseurs d’eau de mon pays… J’ai envie de les honorer au meilleur de ma capacité… J’ai envie de contribuer humblement à un monde meilleur pour Marilie, Claudie et les générations futures… J’ai un rêve à vous exprimer très prochainement!

François Beauregard

J’ai une curiosité audacieuse, voire naïve, et je suis un grand explorateur du connu conventionnel. Inspiré par la déstabilisation du convenu et les ouvertures générées par la mise en lumière douce des perceptions d’incohérences, je suis convaincu que des possibilités attendent d’être réalisées bien au-delà – ou en deçà – de nos champs de vision.

Je suis passionné par le développement de logiciels et les organisations humaines. J’aime contribuer à des projets dont l’intention est d’explorer de nouveaux modes de fonctionnement et de gouvernance, tout en cherchant à maximiser la qualité de vie et la satisfaction personnelle de tous les participants.

Comme moi, peut-être êtes-vous intrigué.e par le phénomène de formation du “je” dont on parle dans une bio ?

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3 Commentaires

  1. cnlgep@gmail.com'
    11/12/2014 at 11:46 — Répondre

    Je voudrais te féliciter pour ton travail sur ce blog ! C’est top !

  2. 13/12/2014 at 13:05 — Répondre

    Merci beaucoup pour les bons mots. Ça me donne de l’énergie pour le prochain billet.

    ~françois

  3. 16/12/2014 at 12:35 — Répondre

    Un vraiment bel exemple de partage par le storytelling des amis de CANU : http://vimeo.com/114560849.

    Bonne écoute,
    ~françois

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