Des startups, des sociétés de capital de risque, leurs intentions conflictuelles et la désillusion d’un coach Agile

Partie 2 de 4 — L’attente

C’est près de deux semaines plus tard que j’ai reçu le courriel suivant de la part de Matt :

Cher Marc-André,

Merci de nous avoir fait part de vos intérêts lors de notre rencontre. Nous aimerions vous inviter à poursuivre la conversation.

Êtes-vous disponible durant la semaine du [date] pour une courte discussion?

Cordialement,

Matt

Analyste pour la société de capital de risque xxxxxx

J’ai rapidement répondu en proposant une date, une heure et un lieu de rendez-vous. En l’occurrence, nous devions nous rencontrer dans notre espace de cotravail. J’ai reçu l’invitation électronique à la rencontre quelques minutes plus tard et ai promptement accepté. Plein d’espoir et rempli d’adrénaline, j’ai passé le reste de la journée à assembler une brève mais puissante introduction à notre conversation qui, j’en étais convaincu, allait les renverser.

Voici le texte que j’ai écrit pour piquer leur curiosité :

« Le développement logiciel est imprévisible, peu importe à quel point vous l’avez bien planifié. Voici quelques statistiques qui peuvent intéresser les sociétés de capital de risque qui investissent dans des startups du domaine des TI, que ce soit dans le Web, les applications mobiles, l’infonuagique, les systèmes autonomes, etc.  »

J’ai accompagné ce mot de renseignements qui attirent l’attention sur les échecs dans les projets de TI et de statistiques qui peuvent susciter de l’inquiétude. Le genre qu’utilisent les coachs Agiles dans la plupart des conférences afin de convaincre les organisations que la seule façon de survivre dans ce monde est d’effectuer une transformation Agile. Voici ce que j’ai rassemblé :

  1. En TI, un projet sur six a un dépassement de coût moyen de 200 % et un dépassement de la durée prévue de 70 %. (Source : Harvard Business Review)
  2. L’économie des États-Unis perd entre 50 et 150 milliards de dollars par année en raison de l’échec de projets de TI.(Source : Gallup Business Review)
  3. 75 % des gestionnaires impliqués anticipent que leurs projets de développement logiciel s’avérera un échec. (Source : Geneca)
  4. Durant la dernière année, moins d’un tiers de tous les projets ont été terminés avec succès en respectant le budget et le calendrier. (source : Standish Group)
  5. 33 % des projets rencontrent l’échec en raison du manque d’implication des gestionnaires séniors. (Source : Université d’Ottawa)
Et les derniers paragraphes pour conclure l’affaire :

« Vous avez peut-être déjà entendu parler d’Agilité. Si c’est le cas, et bien ceci sera tout de même d’un grand intérêt puisqu’il s’agit de la perspective d’une société de capital de risque sur le développement Agile.

Le développement Agile propose un ensemble de valeurs et de principes utilisés dans diverses méthodologies et principalement appliquées dans le cadre de projets de développement de TI. Ces approches sont très populaires en ce moment pour diverses raisons. Mais une des qualités offertes par les méthodes Agiles qui est trop souvent oubliée ou ignorée, c’est l’atténuation des risques, qui est grandement bénéfique pour les parties prenantes comme les sociétés de capital de risque.

En fait, les méthodes Agiles peuvent vous aider à déterminer sur une base régulière si le projet devrait se poursuivre ou se terminer. Ce qui rend cette approche unique, c’est que la décision est basée sur la livraison de logiciel fonctionnel, pas sur les statistiques ou les données. Les décisions sont prises très tôt durant le projet pour déterminer si le financement devrait se poursuivre ou se terminer. »

J’ai envoyé le texte à Matt et Dave comme prélude à notre conversation qui devrait avoir lieu à 15 h le jeudi suivant. La semaine m’a semblé s’écouler plus lentement qu’à l’habitude alors que j’attendais avec impatience l’arrivée du jeudi. Mes attentes étaient élevées, énormes, gigantesques! J’allais révolutionner l’industrie des startups/capitaux de risque. J’avais l’intention d’exporter cela dans le reste de l’Asie du Sud-Est, l’Amérique du Nord, et pourquoi pas, le reste du monde!

Jeudi, 14 h 45 : le temps de la rencontre était arrivé! J’étais assis au café dans la section avant de notre espace de travail partagé, avec mon habituel long café noir, en m’occupant avec un peu de JS (JavaScript) et en attendant l’arrivée de Matt, Dave et peut-être même Paul.

15 h
15 h 05
15 h 15
15 h 30
16 h

Vers 16 h 15, il était devenu plutôt clair qu’ils n’allaient pas se présenter. Je leur ai envoyé un petit rappel par courriel qui indiquait que j’étais disponible pour une autre rencontre et proposait une autre date et heure. Je n’ai jamais reçu de réponse. J’ai envoyé un autre courriel la semaine suivante avec l’intention de fixer un autre rendez-vous. Aucune réponse durant les deux semaines suivantes.

Rendu là, j’ai commencé à me poser la question : qu’est-ce ce qui avait bien pu leur faire peur? Était-ce le texte, l’heure ou la date de la rencontre, le contexte? J’étais dans le noir et le suis resté durant encore quelques mois.

marc-andré langlais

Diplômé en génie informatique de l’École Polytechnique de Montréal en 1998, Marc-André compte plus de 15 années d’expérience en TI. Au cours de sa carrière, il a occupé plusieurs rôles dans des domaines variés, ce qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble du cycle de réalisation d’un projet.

Afin d’ouvrir ses horizons, il a résidé en Belgique de 2002 à 2009. C’est à partir de 2005 qu’il s’intéresse à la gestion de projet et aux méthodes Agiles, en particulier Scrum et Extreme Programming (XP). Depuis, il accompagne, forme et prend en charge des équipes sur des projets complexes.

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