Dans un souci constant d’améliorer nos façons de faire et afin de dresser un portrait fidèle de l’état actuel de l’Agilité en entreprise, Pyxis Technologies a sollicité son réseau.

C’est avec plaisir que nous vous présentons les résultats de notre enquête.

Nombre d’années en Agilité

Bien que les approches Agiles existent depuis plus de 10 ans, elles demeurent une pratique nouvelle dans les entreprises. En fait, 67,7 % des répondants appliquent ces approches depuis moins de 4 ans.

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Mathieu Boisvert : Cela n’est pas surprenant, car on a commencé à entendre parler d’Agilité en 2008 au Québec. Les approches Agiles ayant fait leurs preuves, de plus en plus d’entreprises ont emboîté le pas au cours des quatre dernières années.

Guillaume Soyer : Cela me paraît assez réaliste. Ce que je remarque en clientèle, c’est que nous sommes un peu comme en marketing avec des adeptes précoces (early adopters). Au cours des six dernières années, on a vu l’Agilité gagner en popularité. Par exemple, si on fait un parallèle avec le taux de participation à l’Agile Tour, il risque d’y avoir une corrélation. L’événement compte aujourd’hui 1000 participants, alors qu’il y a quatre ans, il devait y en avoir la moitié moins.

Nombre de personnes touchées par l’Agilité

 

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MB : Il serait intéressant de faire la corrélation entre la taille de l’entreprise et le nombre de personnes touchées. Au cours des dernières années, de grandes entreprises ont effectué un virage Agile, et ce virage a un impact sur plusieurs personnes au sein de l’organisation.

Taille de l’organisation

Même si l’adoption de l’Agilité amène un lot de défis aux grandes entreprises, les approches Agiles sont plus courantes dans les grandes organisations. Ainsi, 68,3 % des personnes ayant participé à l’enquête travaillent dans des organisations de plus de 100 employés.

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MB : Aujourd’hui, la plupart des grandes organisations utilisent les approches Agiles. Ce qui n’est pas connu, c’est dans quelle mesure elles sont Agiles. Une partie des gens doit probablement utiliser Lean pour les opérations, tandis qu’une autre partie utilise Scrum pour la réalisation des projets.

GS : La majorité de nos clients sont de grandes entreprises. Si je fais le lien entre les deux, je ne suis pas surpris de ce résultat. Je pense qu’il y a de petites entreprises qui ont une culture Agile sans forcément utiliser une technique particulière.

Avantages recherchés

Nous avons demandé aux gens pourquoi ils ont décidé de prendre le virage Agile. Voici les raisons par ordre d’importance :

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MB : Dans un contexte où les produits changent rapidement, où les consommateurs sont habitués d’avoir de nouvelles versions chaque année et où la concurrence est forte, il est impératif pour les organisations de suivre cette tendance. Permettant de faire des livraisons fréquentes d’incréments, les méthodes Agiles répondent parfaitement au besoin de réduire le temps de mise en marché.

Il faut se montrer patient en ce qui concerne l’accroissement de la flexibilité grâce à l’Agilité. Il faut travailler les processus en isolation et en séparant les considérations afin d’avoir à la fois une vue systémique sur l’impact des modifications locales. L’Agilité permet de découvrir comment rendre un processus ou un produit flexible.

GS : Accroître la productivité de l’équipe de développement, cela s’aligne parfaitement sur les intentions de nos clients. Nous effectuons régulièrement des diagnostics qui nous aident à définir les intentions du client dans un cadre intégral, et l’immense majorité des clients avec qui nous travaillons recherchent un axe de performance. L’Agilité n’est pas là pour rendre les gens plus heureux, mais pour être plus performants sur le marché.

Les méthodes et pratiques les plus utilisées

L’enquête révèle que Scrum est la méthode Agile la plus répandue. Parmi les répondants, 93,1 % utilisent Scrum. Par contre, cette méthode est utilisée avec d’autres pratiques, soit :

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MB : Une des raisons pour lesquelles Scrum est aussi populaire, c’est qu’elle peut s’appliquer à la gestion. Elle permet de planifier et de livrer. Les parties prenantes sont donc en mesure d’apprécier Scrum contrairement, par exemple, à DevOps ou Extreme Programming, qui s’appliquent au développement et s’adressent au personnel technique.

Dans le cas d’Agile Lean, cette approche permet d’optimiser les opérations. On peut imaginer que dans le futur cette méthode sera plus populaire que Scrum, car les opérations représentent une plus grande proportion des activités d’une organisation que les projets.

GS : Aujourd’hui, ce qui arrive fréquemment, c’est que les gens débutent avec Scrum, puis évoluent vers Kanban avec un hybride qu’on appelle Agile Lean. Nous mettons en place des notions de Lean qui sont moins visibles dans Scrum.

Les artefacts et cérémonies les plus courantes

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MB : Les pratiques de base qui facilitent la gestion Agile de projet ressortent. Le carnet de produit est toujours très utilisé, mais la manière dont il l’est pourrait être différente. Par exemple, une organisation qui est peu mature pourrait l’utiliser pour respecter la portée d’un projet. Une organisation plus mature pourrait plutôt l’utiliser pour livrer un flux de valeur ajoutée.

Pour ce qui est du tableau de tâches, il est normal que son utilisation soit aussi courante que celle du carnet de produit, car il permet de mesurer l’avancement de ce dernier.

Un autre avantage de l’Agilité, c’est la boucle de rétroaction. Il est donc intéressant de voir que les revues et rétrospectives de sprint ressortent. Particulièrement, je trouve cela rassurant de voir que les gens prennent le temps d’inspecter l’incrément, mais aussi d’assurer l’amélioration continue de la dynamique d’équipe et de ses pratiques.

GS : C’est une excellente nouvelle que les rétrospectives de sprint soient placées si haut. C’est un indicateur intéressant qu’il y a une culture Agile (c.-à-d. être Agiles plutôt que de faire de l’Agilité). Voir que la mêlée quotidienne est en tout premier, c’est normal. Et c’est une bonne nouvelle de retrouver dans la liste des choses plus fondamentales comme les rétros et les estimations en équipe.

Difficultés rencontrées lors de la mise en place de l’Agilité

L’adoption d’une approche Agile amène son lot de défis et de difficultés. Les difficultés les plus souvent rencontrées chez nos répondants sont les suivantes :

MB : L’Agilité favorise l’auto-organisation des équipes. Les équipes doivent livrer régulièrement et, pour y arriver, elles ne doivent pas être retardées par des décisions de gestion. Dans le cas où la structure hiérarchique est forte, l’Agilité peut entrer en conflit avec la culture.

GS : Ce qui nous limite parfois en clientèle, c’est le soutien de la haute direction. Il y a une volonté de changement, mais il n’y a pas de volonté de changer. Lorsque la direction soutient les initiatives Agiles, on remarque que l’adoption est beaucoup plus rapide. De plus, le niveau d’adoption est beaucoup plus profond.

Avantages tirés de la mise en place d’une approche Agile

Les gens qui adoptent une approche Agile en retirent plusieurs avantages. En voici la liste :

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MB : Je souhaite mettre un bémol en ce qui concerne une plus grande visibilité sur l’avancement du projet. Les approches en cascade donnent aussi de la visibilité à l’avancement du projet. Tout dépend de l’incertitude de celui-ci. Si, par exemple, nous sommes convaincus que la solution de départ est la bonne, l’avancement par activités semble une bonne unité de mesure. Par contre, si on souhaite mesurer l’avancement selon les avantages obtenus de la solution, c’est impossible à l’aide d’un mode en cascade.

L’avantage concernant l’implication des parties prenantes est un balancier intéressant. Au tout début de l’informatique, les développeurs avaient tendance à être proches des clients pour bien comprendre leurs besoins, mais avec le temps, on s’est inspiré du domaine de la construction pour livrer efficacement des résultats qui sont prévisibles. Aujourd’hui, entre autres parce que l’on veut réduire le temps de mise en marché, on se rapproche des parties prenantes. Cela crée un niveau de collaboration qui avait disparu et aide à livrer des produits ayant une plus grande valeur pour le client.

GS : Je trouve intéressant de voir que la transparence (ou visibilité) est au-dessus des autres. Comme il s’agit d’un des piliers de Scrum et que près de 93 % des gens disent utiliser Scrum, il est bien de voir qu’une grande partie des répondants en tirent de réels avantages.

C’est intéressant de voir que le plaisir au travail figure dans le top 5. C’est quelque chose que j’observe chez mes clients qui pratiquent l’Agilité depuis un certain temps. C’est-à-dire qu’une fois que la partie performance a été relativement intégrée, les gens voient les autres avantages pouvant découler de l’Agilité et aussi en quoi des employés heureux vont finalement améliorer la performance.

Ce que je trouve également intéressant, c’est qu’un meilleur contrôle des coûts représente seulement 17 % des avantages retirés. Cela nous arrive de voir des clients qui pensent que l’Agilité va réduire fortement les coûts alors qu’en réalité les gains qu’apporte l’Agilité sont autres ; par exemple, une meilleure qualité et une plus grande productivité.

Éléments contribuant au succès des transitions Agiles

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MB : Lorsque nous accompagnons les organisations dans leur transition Agile, nous travaillons aussi avec la haute direction. Ceci permet d’obtenir son adhésion à l’Agilité et de favoriser sa mise en œuvre. Les répondants ont également indiqué avoir plus de succès avec les approches Agiles lorsque la haute direction y adhère.

GS : Mon attention est portée sur le taux d’utilisation d’outils. Souvent, nous allons mettre en place un outil pour pallier la culture Agile, ce qui n’empêche pas que l’outil puisse être important. On pourrait se demander si c’est l’outil qui fait que nous sommes Agiles.

Taux de satisfaction

Depuis plus de dix ans, l’Agilité fait évoluer la pratique. Les développeurs ont plus d’autonomie. Les gestionnaires ont une meilleure visibilité sur l’avancement. De plus, les parties prenantes sont plus en contrôle de leur produit. Aussi, les clients obtiennent des solutions adaptées à leurs besoins changeants. Les répondants sont de manière quasi unanimement satisfaits des approches Agiles.

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MB : Si on avait fait cette enquête avant 2008, la satisfaction n’aurait sûrement pas été aussi grande. Aujourd’hui, les équipes qui ont bien intégré des pratiques Agiles peuvent vraiment en tirer des avantages et en être satisfaites. D’ailleurs, on remarque dans nos cours de formation comment il y a moins de résistance face à l’Agilité qu’il y a 5 ans. Les gens connaissent les approches Agiles, comprennent à quoi elles peuvent servir et ils sont ouverts à apprendre comment bien le faire plutôt que d’en contester l’utilité.

GS : Cela me rappelle une anecdote vécue chez un client. Le directeur d’une équipe qui ne faisait pas partie de la transformation Agile me dit ce qui suit :

« Je ne comprends pas ! Les gens qui ne font pas d’Agilité ont une vision négative des approches Agiles, alors que dès que je parle à des équipes qui en font depuis 2-3 ans, celles-ci trouvent cela super et ne reviendraient pas en arrière. »

Ce n’est donc pas étonnant de voir que plus de 90 % des répondants se disent satisfaits, car parmi les équipes que je coache, aucune de celles-ci, passer un certain cap, ne reviendrait en arrière. Cependant, ceux qui ne l’ont jamais fait ont une vision négative. Ceci est sûrement dû à la culture, à la peur ou à la méconnaissance de ce que c’est réellement. Il nous reste encore beaucoup de conversations à avoir avec la haute direction, d’explications à lui donner et d’accompagnement à lui offrir. Par le passé, nous accompagnions seulement les équipes, aujourd’hui nous accompagnons les organisations dans leur intégralité.

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5 Commentaires

  1. laetichaba@hotmail.fr'
    Laetichaba
    24/06/2018 at 13:56 — Répondre

    Statistiques très intéressantes ! Merci

  2. daillacmichel@hotmail.com'
    Michel DAILLAC
    10/09/2018 at 05:07 — Répondre

    Excellent ! Merci beaucoup de partager ces statistiques très édifiantes sur l’état de l’Agilité !

  3. alexforyou01@outlook.fr'
    alex
    02/02/2019 at 05:29 — Répondre

    J’espère qu’enfin l’administration Française adoptera enfin de l’agile et non via des effets d’annonce ici ou la via son fameux cap 2022.

    Que ce soit dans la manière de recruter, de former, de créer surtout des postes via des cellules RH enfin agile fini le mode silot ou l’ancien monde statique , fini le cooptage de grandes écoles et les moulages perpétuels de ces dernières , pâle copie de l’ancien monde.
    Ce qu’on veut c’est du Agile 3.0 via un socle d’agents agile prêt à changer les mentalités voir d’effectuer du Kaizen (amélioration continue) (exemple de Harley Davidson) en mettant en avant les idées , l’innovation l’amélioration continue .
    Fini les blocs , les bureaux , les silots vive le transverse.
    A quand une administration Française Agile 3.0 comme nos confrères canadiens qui ne se basent pas sur le prestige des écoles (ENA, Mines (les pires :-)) , Ponts et chaussées) mais sur une innovation par le bas (y en a marre du Maslow)

  4. selim.ikkache@laposte.fr'
    Ikkache
    22/05/2019 at 05:38 — Répondre

    Bonjour et merci pour cette étude.
    Il serait intéressant de savoir combien de réponses vous avez eu, combien de société ont répondu, etc … pour pouvoir étayer ces statistiques devant des directions.

    • 22/05/2019 at 12:03 — Répondre

      Merci de votre intérêt. L’enquête a été menée par Pyxis du 7 septembre au 11 octobre 2016 et 293 répondants y ont participé.

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