Je crois que nous appliquons inconsciemment des principes Agiles tous les jours de notre vie. Imaginez ce qu’on pourrait accomplir si on les appliquait intentionnellement ! Je crois que nous pouvons tous nous améliorer. Je veux être « l’Agiliste du quotidien ».

J’ai eu la chance de voir des athlètes de tout niveau et leurs entraîneurs travailler ensemble. À titre de mère de deux nageuses, j’ai pu observer ce qui pourrait être les comportements Agiles les plus purs et l’application la plus authentique des principes Agiles. Le but de chaque pratique, de chaque saison, était de permettre à chaque jeune athlète d’être le meilleur possible ; de les inciter à se dépasser, et ce, pour leur propre satisfaction et aussi celle de leur équipe.

Voyons d’abord les valeurs Agiles :

  • Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils :
    • Un nageur qui connaît une brillante carrière ne fera pas nécessairement un bon entraîneur. Même si le nageur le plus talentueux est en mesure d’enseigner la technique du crawl et d’énumérer les avantages de chaque exercice, qu’il sait quels poids développent quels muscles et aussi quels pagaies, palmes et autres accessoires permettent d’améliorer la performance des nageurs, s’il ne sait pas comment interagir avec les nageurs de son équipe, ces derniers n’éprouveront aucun plaisir lors des pratiques et ils perdront rapidement le désir de s’entraîner et de participer à des compétions.
    • Un entraîneur qui met l’accent sur l’interaction avec ses protégés et qui les encourage à tisser des liens étroits avec leurs coéquipiers assure le succès sur le long terme. Il y a bien une raison pour laquelle ses nageurs se lèvent aussi tôt que 5 heures par un matin glacial canadien pour aller s’entraîner avant d’aller à l’école, où ils arrivent épuisés, affamés et les cheveux encore mouillés et verdis par le chlore. C’est un instinct humain fondamental de vouloir réussir et de s’entourer d’amis qui partagent le même rêve.
  • Un logiciel ou une solution qui fonctionne plus qu’une documentation exhaustive :
    • Tout bon entraîneur de natation sait qu’il est même peu probable que les formulaires d’autorisation se rendent à destination quand ils se retrouvent au fond d’un sac rempli d’effets mouillés ! De fait, la seule et unique fois où j’ai reçu une feuille d’instructions, c’était lors d’un cours de natation de ma fille qui avait alors 4 ans. Ce feuillet énumérait les étapes à suivre pour administrer la respiration artificielle. De toute évidence, sa capacité de lire le document était loin derrière celle de nager les distances requises dans son niveau.
    • Dans le cas d’un athlète, la solution, c’est la course. Toute la préparation est conçue pour mettre le jeune coureur sur le bloc de départ et le faire courir ! Que de plaisir et d’anticipation à chaque foulée et à chaque pratique à l’idée de disputer cette toute première course ! Ô combien excitant et exaltant que de se fixer des objectifs réalistes qui invitent à battre son meilleur temps personnel.
  • La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle :
    • Aucun entraîneur ne s’aventurerait à garantir qu’un enfant atteigne un certain standard de performance ou gagne un championnat. La collaboration, c’est la clé du développement ; la reconnaissance du potentiel et un plan pour l’atteindre. Il y a de nombreux « si » : si tu viens aux pratiques, si tu travailles fort, si tu écoutes bien, etc., nous pourrons alors peut-être atteindre le temps de qualification pour participer aux championnats provinciaux ou nationaux. Les résultats ne peuvent jamais être garantis, et c’est du donnant-donnant.
  • L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan
    • Au fil du temps, il faut faire face aux blessures, revers et poussées de croissance. Et il est impératif que l’entraîneur et le nageur gèrent tout cela ensemble, ouvertement et honnêtement, en apportant des changements au plan d’entraînement de manière à assurer la santé à long terme de l’athlète. Le programme d’entraînement doit être souple afin de parer toute éventualité. En effet, les plans élaborés en septembre peuvent être réalisés avant le début de la nouvelle année. Il faut alors en préparer de nouveaux.

Jetons maintenant un coup d’œil aux composants de Scrum dans la vie d’un athlète :

  • Chaque athlète joue le double rôle de développeur et de Product Owner dans le but d’améliorer sa course, et ce, même s’il ne participe jamais aux Jeux olympiques.
  • Chaque entraîneur est un Scrum Master qui s’assure que ses jeunes protégés respectent l’approche Scrum et ses cérémonies tout en supprimant les obstacles rencontrés.
  • Chaque partie de la saison est une itération pour laquelle il y a un carnet de sprint comportant les temps de qualification, les compétences à acquérir et les courses à faire. Comme dans tout bon carnet de sprint, les cibles à atteindre sont définies de manière à être propres à chaque athlète et découpées en parties assez petites pour être réalisables à l’intérieur de l’itération.
  • Chaque entraînement correspond à une journée du sprint avec des exercices et des distances permettant de se concentrer sur une courte liste de biens livrables du carnet de sprint. On commence chaque entraînement par une mêlée quotidienne pour discuter du plan prévu et des défis (par exemple, les blessures) à prendre en considération.
  • L’entraîneur en course à pied a la capacité de dévier de l’entraînement au programme lorsqu’un imprévu surgit. Par exemple, si tout le monde a de la difficulté avec une certaine foulée, il peut réduire le temps de course pour le remplacer par de l’enseignement.
  • Chaque rencontre d’athlétisme est une revue de sprint  ; l’occasion de montrer ce qui a été livré au cours du sprint.
  • Après chaque course, l’athlète et l’entraîneur analysent cette dernière afin de déterminer les changements à apporter pour la prochaine course. À la fin de la rencontre, tous les apprentissages font partie intégrante de la rétrospective, avec des plans pour conserver ce qui marche bien et modifier ce qui marche moins pour le prochain sprint.
  • Chaque saison ou sprint se termine en célébrant le succès tous ensemble !

Enfin, peu importe les buts fixés en début de carrière, chaque athlète prend un jour sa retraite… Alors que plusieurs amorcent leur carrière en rêvant à l’or olympique, la réalité est la suivante : seule une très petite poignée d’athlètes par génération le remporte. Cependant, ça ne veut pas dire que chaque carrière n’est pas couronnée de succès. Chaque athlète tire des leçons de son expérience personnelle et compte de belles réalisations, et ce, peu importe si sa carrière se termine par l’atteinte ou le dépassement d’un standard provincial ou le décrochage d’un podium national ou en coupe du monde.

Ce qui m’enchante le plus, c’est que mes deux filles appliquent maintenant les principes Agiles dans leur vie d’adulte ! Une est la Scrum Master d’une nouvelle génération d’athlètes en étant leur entraîneuse, tandis que l’autre est entrée dans le monde des affaires, où chaque jour elle demande : « Comment puis-je améliorer ceci ? » Quand elles vont lire ce billet, je gage qu’elles vont être surprises d’apprendre qu’elles sont, après tout, des Agilistes.

Y a-t-il une histoire de jeune athlète ou une expérience Agile de tous les jours que vous aimeriez nous partager ? Puis-je vous assister dans votre périple pour passer d’Agiliste inconscient à Agiliste conscient ? J’aimerais lire vos commentaires et poursuivre mon voyage avec vous.

 

Barbara Schultz

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3 Commentaires

  1. charlesandrebouchard@gmail.com'
    02/03/2017 at 10:58 — Répondre

    Il est sensé de s’attarder à l’application des principes d’Agilité dans la vie de tous les jours.

    Toutefois et ce particulièrement pour les néophytes, je crois qu’il est plus simple et concret d’observer nos activités quotidiennes sous un point de vue inspiré de Kanban. La vaste majorité de nos actions/tâches/corvées se traduisent plus facilement par des transitions entre “To Do”, “Doing” et “Done”, et ne sont pas contraintes par des notions d’intervalles similaires aux sprints.

    • Barb Schultz
      02/03/2017 at 14:52 — Répondre

      I hope you do not mind my reply in English as it is easier for me and my writing in French is atrocious. Thank you for your response. I agree with your assessment and am a strong believer in Lean-agile as that is where my original learnings about Continuous Improvement originate from. Perhaps I was led by my ongoing Scrum and Agile learnings. I will try in future blogs to incorporate your very valid suggestions. I hope you will continue to follow and provide feedback. After all . . .empiricism is all about Transparency/ Inspection and Adaptation.

      • charlesandrebouchard@gmail.com'
        08/03/2017 at 08:37 — Répondre

        I do not have the slightest problem with exchanging in English if that suits you better!

        At the conclusion of Montreal’s 2016 Agile Tour, Henrik Kniberg made a convincing demonstration of how he applied a more “Kanban-ish” approach to real-life situations involving family projects and vacation planning. In essence, it was a concrete application of life mindfulness conducted through IT-inspired tools, and it gave me another reason to justify why I now consider Agile-Lean principles as simply “mindfulness applied to IT work”.

        The more I evolve in the Agility “shu-na-ri”, the more it grows on me as a way of being, perhaps even in terms of spirituality when applied to my life as a whole.

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