Quand je me suis réveillée ce matin, avant même d’avoir eu la chance de me verser un café, j’avais la question suivante à l’esprit : « Pourquoi devons-nous travailler si fort pour qu’une culture Agile prenne racine dans notre milieu de travail alors qu’elle pousse si naturellement dans divers endroits? »

Ceux qui parmi vous ont lu mes précédents billets savent que j’ai passé plus de 29 ans dans l’industrie des télécommunications, essentiellement à titre de spécialiste de l’amélioration continue, et que j’ai récemment démarré ma propre entreprise avec mes collègues de Pyxis. Vous savez également que je me suis autoproclamée « L’Agiliste du quotidien » parce que je vis la culture Agile chaque jour et trouve partout des gens qui partagent cette vision. Ma confiance dans les valeurs Agiles est telle que je pense que certaines personnes pourraient presque m’accuser d’être fanatique, cela devient presque une religion.

Ce fanatisme se révèle par des questions et des pensées qui envahissent mon sommeil et m’envoient à mon ordinateur avant même d’avoir pu m’injecter ma dose de caféine. Alors maintenant que j’ai mon café en main, examinons la question de ce matin et explorons les raisons pour lesquelles la culture Agile s’enracine ou ne le fait pas. Est-ce le terrain? Est-ce notre façon de la nourrir? Est-ce le langage que nous utilisons? Est-ce que les gens sont différents? Est-ce historique? Est-ce que c’est une question de motivations?

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Commençons par le terrain dans lequel notre culture grandit. J’avoue que je n’ai vraiment pas le pouce vert. J’ai tué tout ce que j’ai planté sur le terrain de ma maison en ville à l’exception d’un plant de rhubarbe transplanté qui refusait de mourir même si je le coupais à la hache chaque année parce que j’étais la seule à manger ses délicieuses tiges (Maman, ta tarte à la rhubarbe me manque vraiment). Même l’herbe ne poussait pas!

Et pourtant, depuis que j’ai déménagé dans ma maison de campagne, entourée de fermes et de vignobles, les fleurs et l’herbe poussent presque malgré moi! Les tournesols germent aléatoirement à partir des graines pour les oiseaux et l’herbe pousse si haute et si dense que la couper pourrait être un travail à temps plein de mai à octobre. Mon petit jardin fleurit joyeusement et je planifie cultiver des légumes l’année prochaine. Alors ce n’était peut-être pas moi finalement! Peut-être qu’il y avait quelque chose dans la terre de la ville qui défiait tout simplement les cultivateurs, sauf les plus habiles et dévoués.

Bien sûr, mon inaptitude s’étendait également aux plantes de la maison. En fait, il y en a tellement qui ont été lentement assassinées sous ma garde que nous avions une règle stricte selon laquelle nous ne mettions que des fleurs coupées. C’est un destin cruel pour des plantes de faire face à la négligence dont elles étaient victimes par ma faute. Pas d’eau, trop d’eau, pas d’ajout de nutriments, pots renversés, manque de place pour les racines, trop de soleil, pas assez de soleil… J’ai même réussi à tuer un cactus! Alors peut-être qu’il y a quelque chose à retenir de l’entretien. Pour ceux qui seraient inquiets, je suis heureuse de signaler que mes enfants ont tous survécu jusqu’à l’âge adulte.

Maintenant, qu’en est-il du langage dans le cadre du travail? Avez-vous déjà remarqué certaines des choses que nous entendons à propos du travail? « Vendre son âme pour un chèque de paye », « Est-ce bientôt vendredi? », « Trop de travail, pas assez payé » et ma préférée « Je travaille pour payer mes dettes ». Pourquoi est-ce que les gens ne disent pas ces choses en ce qui concerne la poursuite de leurs loisirs?

Je pense que Logan, King et Fischer Wright ont mis le doigt sur quelque chose d’important quand ils ont décrit le langage de chaque phase tribale des organisations. Peut-être que si nous changeons notre perspective sur le travail et le langage que nous utilisons pour le décrire, notre attitude à son égard changera également. Je suis peut-être folle mais j’aime le lundi matin et je suis impatiente de commencer chaque journée. Je ne suis pas certaine que cela arrivait souvent durant la première partie de ma carrière.

Est-ce que les artistes, les athlètes et les enfants de mes précédents billets possèdent un ADN différent de celui des gens qui prennent le métro chaque jour pour faire leurs huit heures de travail? ADN? Non, mais peut-être qu’il y a une attitude différente. Il y a certainement l’innocence de l’enfance qui rend amusants les accidents de Hot Wheels et le fait d’apprendre à construire une meilleure piste. Il y a certainement une absence de jugement!

J’ai vu des nageurs de classe mondiale passer du temps ensemble et collaborer, peut-être qu’un d’entre eux avait de meilleurs virages ou de meilleurs départs qu’il pouvait partager. Imaginez aider vos concurrents dans le monde des affaires? Parfois, alors que nous compétitionnons pour des augmentations, des promotions ou des affectations, la concurrence n’est pas à l’extérieur de l’entreprise, mais vient plutôt de la personne assise au bureau d’à côté. Des artistes se regroupent régulièrement pour partager des techniques et de la camaraderie; beaucoup plus que dans le monde corporatif. Quand perdons-nous l’esprit de coopération et passons-nous à « l’homme est un loup pour l’homme » du monde des corporations?

Peut-être qu’il y a quelque chose dans l’histoire de l’humanité qui fait que ce changement survient. Quand les notes sont introduites à l’école, nous passons du jeu coopératif de la garderie à l’intense compétition de l’école secondaire, de l’université et de l’univers corporatif. Historiquement, des cultures et des pays sont tombés aux mains de conquérants et les faibles ont été soumis. Je ne pense pas que c’est une coïncidence que les hiérarchies corporatives soit calquées sur le modèle militaire. J’aime penser que nous allons vers un monde plus aimable, mais je suis peut-être trop optimiste.

Je crois que mon rôle en tant qu’Agiliste est d’utiliser le pouvoir du « Et si? » Et si nous changions notre langage ou notre perspective? Et si nous pouvions éliminer les jugements et personnifier la culture et les valeurs de l’Agilité? Qu’en pensez-vous? J’adorerais entendre vos idées sur le sujet.

 

Barbara Schultz

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1 Commentaire

  1. franck.denniel@gmail.com'
    Franck
    20/11/2017 at 11:18 — Répondre

    Bonjour et merci pour ce billet.
    J’aime vivre dans ce même monde optimiste que vous. Celui où l’on se dit qu’on peut changer notre Mindset dans nos entreprises mais également dans nos vies privées.
    En entreprise malheureusement les individus ont peur de faire des erreurs. Trop de décennies passées à ce que l’humain soit jugé que sur le résultat et non sur la manière d’y arriver et sa capacité à s’améliorer. Comme sur nos projets, nous devons accepté le risque de faire des erreurs dans notre travail pour sortir de notre zone de confort et chercher à nous améliorer au quotidien.

    On n’est loin de ce MindSet (surtout en France) mais je pense qu’on est sur la bonne voie et qu’il ne faut pas s’avouer vaincu.

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