« Mais j’essayais seulement d’aider…! »
Dans de nombreuses organisations d’aujourd’hui, le coaching est considéré comme une compétence essentielle pour les leaders, les gestionnaires, les Scrum Masters et les consultants qui soutiennent les équipes qui cherchent à développer les compétences et les pratiques de l’auto-organisation.
Durant notre cours Coaching pour leaders, nous expliquons la distinction entre quatre postures différentes que les gens peuvent adopter pour aider les autres :
- Le docteur
- L’expert
- La paire de bras
- Le coach
Toutes ces postures peuvent être utiles dans le cadre de certaines situations et relations, mais souvent c’est la posture de coach qui exige des gens le plus grand effort. Le présent billet décrit chacune de ces quatre postures du point de vue de l’aidant. Ces distinctions sont inspirées par le travail d’Edgar Schein, Peter Block et Co-Active Coaching.
Qu’est-ce qu’une posture?
Une posture est une disposition mentale ou émotionnelle adoptée à l’égard de quelque chose ou de quelqu’un. Quand il s’agit d’aider les autres, votre posture d’aidant est comment vous vous positionnez par rapport à la personne que vous aidez. Vous choisissez une posture en fonction de ce dont vous croyez que l’autre a besoin et de comment vous pouvez le mieux l’aider. Parfois, cette posture est basée sur ce avec quoi vous êtes le plus à l’aise, d’autres fois sur ce que vous avez vu d’autres personnes faire ou encore sur ce qui vous a aidé dans le passé.
De même, les personnes que vous aidez apporteront également une posture à la relation d’aide. Ils l’adoptent en fonction de ce qu’ils pensent avoir comme besoin et de comment ils pensent que vous pouvez les aider.
Donc, en substance, il y a deux postures en jeu qui sont négociées dans le cadre de chaque relation d’aide. Lorsque ces deux postures correspondent, l’aide sera très utile. Quand il y a une dissonance, cela peut être frustrant pour les deux parties, l’aidant comme la personne aidée. Je suis certaine que vous avez vos propres exemples d’aide qui n’était pas vraiment utile, cela ressemble souvent à : « Mais j’essayais seulement d’aider…! »
Examinons ces quatre postures d’aide à tour de rôle.
Le docteur
Lorsque j’adopte une posture de « Docteur », je suppose que vous, la personne (l’équipe ou l’organisation) que j’aide, êtes un problème que je dois résoudre ou surmonter. Je vais supposer qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans la façon dont vous pensez, ressentez ou vous comportez et que je vais découvrir ce que c’est. Je vais vous demander de me donner suffisamment d’information pour pouvoir poser un bon diagnostic.
Je peux utiliser des observations, des sondages et des questions pour exclure logiquement des problèmes d’une « liste de contrôle » que j’ai déjà préparée, explicitement ou implicitement. Je vais supposer que ma « liste de contrôle » me fournit une expertise suffisante pour arriver au bon diagnostic.
Je suppose également qu’une fois que j’aurai diagnostiqué quel est votre problème, vous accepterez mon diagnostic, me remercierez et ferez ce que je vous recommande.
La posture de docteur peut bien fonctionner quand a) la personne recevant l’aide est incapable de participer au processus de diagnostic, et b) l’aidant possède vraiment l’expertise pour diagnostiquer un problème spécifique et pour offrir des recommandations.
Le piège de cette posture est de l’utiliser trop tôt et avec trop peu d’information et de contexte pris en compte, laissant la personne aidée hors du processus de définition du problème.
L’expert
Quand je prends la posture d’« Expert », je suppose que votre problème n’est pas vous-même mais la situation dans laquelle vous vous trouvez. Je suppose que vous avez correctement diagnostiqué votre problème et me l’avez correctement communiqué (le problème réel). J’écoute votre description et commence à formuler des solutions basées sur mon expertise. Je suppose que votre diagnostic me fournira suffisamment d’information, mais je peux utiliser des observations et d’autres données pour évaluer comment mettre en place ma solution.
Je suppose également qu’une fois que je comprends exactement quel est votre problème, vous accepterez ma solution, me remercierez et ferez ce que je vous recommande.
Comme la posture de docteur, la posture d’expert peut bien fonctionner quand a) la personne recevant l’aide a diagnostiqué et communiqué son problème correctement, mais n’a pas l’expertise pour le résoudre, et b) l’aidant possède l’expertise pour résoudre le problème.
Le piège de cette posture est d’essayer d’adapter le problème à l’expertise de l’expert et finalement résoudre le mauvais problème.
Une paire de bras
Quand je prends la posture « Paire de bras », je suppose que vous allez bien, que votre situation est bonne, mais vous avez un problème que vous devez résoudre. Je suppose que vous savez exactement quel est le problème et comment le résoudre. En fait, vous mettriez vous-même votre solution en place, si seulement vous aviez le temps. Je peux poser des questions sur des éléments spécifiques de votre solution, telles que « Voulez-vous que je fasse A, B ou C? X, Y ou Z? »
Comme paire de bras, mon aide se concentre sur l’exécution, ce qui peut bien fonctionner lorsque le problème et la solution sont plutôt simples et bien compris.
La posture de paire de bras peut bien fonctionner quand a) la personne recevant de l’aide a diagnostiqué et communiqué son problème et sa solution correctement, mais n’a pas le temps de le résoudre, et b) l’aidant a le temps et l’expertise pour résoudre le problème.
Dans ce cas-ci, le piège est de s’attaquer aux symptômes plutôt qu’au problème sous-jacent qui cause les symptômes.
Le coach
Quand je prends la posture de coach, je suppose que vous êtes par nature une personne créative ingénieuse et entière. Je suppose que vous êtes capable: capable de trouver des réponses; capable de choisir; capable d’agir; capable de vous en remettre quand les choses ne se passent pas comme prévu; et surtout, capable d’apprendre.
Je suppose également que vous savez que quelque chose ne va pas, mais que vous n’êtes pas certain de la nature exacte du problème. Je suppose que c’est votre façon de penser, de ressentir et de vous comporter face à une situation qui vous cause un problème. Mes questions sont ouvertes et stimulantes afin qu’ensemble nous puissions explorer des questions quant au diagnostic et à la résolution du problème. Je suppose également que vous êtes l’expert de vous-même, de votre situation et des interventions qui fonctionneront vraiment pour vous.
Du point de vue de l’encadrement, mon expérience et mon expertise en la matière sont moins importantes et peuvent même me gêner en tant que coach. Mes outils les plus importants sont la curiosité et l’écoute active. En entamant la conversation avec l’intention de vous aider à mieux comprendre comment vous interagissez avec votre situation problématique, je vous pose des questions ouvertes et vous reflète ce que j’entends.
La posture de coaching peut bien fonctionner quand a) la personne aidée est prête à explorer comment elle interagit avec sa situation problématique et b) l’aidant a la capacité (présence, attention et respect) de co-créer les définitions et les solutions des problèmes.
Le piège de cette posture de coaching est de l’adopter quand il n’y a pas assez de confiance établie dans la relation et de l’utiliser pour des problèmes nécessitant l’aide d’un docteur, d’un expert ou d’une paire de bras.
C’est à partir de la posture de coaching que la personne recevant de l’aide apprend le plus sur la façon de résoudre le problème afin qu’elle puisse traiter les futurs problèmes plus efficacement. La posture de coaching aide les gens à développer leur capacité à résoudre leurs propres problèmes, tandis que le Docteur, l’Expert et la Paire de bras peuvent créer une dépendance entre l’aidant et l’aidé.
4 Commentaires
Très bel article
La posture de coaching nécessite confiance et co création
Merci!
Louise
Bonjour, merci bcp pour cet article j’adore cette classification!
En revanche pour moi ce ne sont pas 4 postures d’un coach mais 4 postures d’un consultant:
Le docteur correspond pour moi au conseil d’un cab qui déroule une méthodo type : McK, BCG …
L’expert au rôle de consultant, le vrai
La paire de bras au prestataire de type intérimaire (prestation qu’on retrouve bcp dans des ESN ou des cabinets qui n’ont pas d’expertise)
Le coaching est pour moi la version noble du conseil, voire l’avenir de celui-ci. Dans un monde qui va bcp trop vite pour qu’il y ait des personnes qui accumulent assez d’expérience pour être des experts et détenir la solution, voire la démarche-type pour la trouver. Je le dis en toute objectivité : je suis consultant 😉
Typiquement pour de la transfo Agile, ça me paraît très compliqué d’intervenir en tant qu’expert ou docteur. Ou alors cette expertise doit s’arrêter à la démarche permettant d’aider les personnes à trouver leur mode de fonctionnement cible et la manière de se transformer, démarche de coach quoi 😉
Pour finir, je rencontre de plus en plus de cas où le consultant intervient en tant qu’expert pour apporter une solution, mais se rend rapidement compte que le client et commanditaire est plutôt à l’origine du problème
Salut Moez,
Merci pour vos réflexions. Je suis heureuse que vous ayez trouvé les distinctions utiles !
Merci encore,
Louise