Le futur, c’était hier ?

C’est marrant quand on y pense : quand j’étais sur les bancs d’école, le métier que j’exerce aujourd’hui n’existait pas. Les personnes qui travaillaient dans le secteur de l’informatique étaient souvent vues comme des personnes bizarres, qui n’avaient besoin que de très peu de lumière du soleil et se nourrissaient principalement de pizzas (froides). On parlait très peu des programmeurs, encore moins de Scrum ou d’Agilité.

Dans ce contexte, nous avions des cours d’informatique en classe. On allait nous apprendre à utiliser les ordinateurs.

Et c’est là que j’ai appris à créer des fichiers, des répertoires, à copier des éléments depuis une disquette vers l’ordinateur et vice-versa. On nous apprenait les commandes MS-DOS.

« Eh oui !, mes chers enfants, soyez attentifs, cela vous servira plus tard dans votre vie professionnelle. »

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Sauf que…

Quelques années plus tard, grâce à l’évolution des interfaces personne-machine, la ligne de commande n’était plus la seule façon de piloter un ordinateur. J’ai alors compris que ce cours m’avait apporté du savoir utile pour les ordinateurs de l’époque. Cela me préparait au monde tel qu’il était à ce moment-là, mais nullement à ce que le monde allait devenir ! L’informatique était considérée comme quelque chose de complexe, uniquement accessible à une poignée d’élus qui comprenaient le fonctionnent des ordinateurs. En parallèle, on avait des cours de latin pour nous ouvrir l’esprit.

Le futur se découvre ?

Finalement, mes amis et moi avons beaucoup plus appris en expérimentant à la maison, en configurant la mémoire disponible afin de faire fonctionner tel jeu, en installant des pilotes nécessaires pour que la carte de son émette des bruits et en gérant les conflits entre ports. On avait de réels problèmes à résoudre, là, et on devait utiliser toute notre ingéniosité pour nous sortir de ce pétrin !

Pourquoi vous avoir raconté ces anecdotes ? Parce qu’elles contribuent, selon moi, à montrer que nous sommes à une époque charnière. Nous comprenons que le monde, que la société est en perpétuelle évolution. Pourtant, nous continuons d’enseigner afin de préparer la nouvelle génération au monde d’aujourd’hui.

Et si l’informatique pouvait être enseignée afin d’ouvrir l’esprit des nouvelles générations ? Dans Think like a programmer, V. Anton Spraul indique qu’en s’inspirant des énigmes de logique, on peut trouver des solutions simples à des problèmes complexes. Pour moi, plutôt que d’être enseignée comme une science (exacte ?), l’informatique devrait plutôt être rangée dans la catégorie des formations qui, comme les langues mortes, ouvrent l’esprit et transforment notre façon de penser. Là où, à l’école, on nous apprend en général à ne pas faire d’erreurs, en informatique on apprend le plus en faisant des erreurs et des expérimentations.

Alors, on peut blâmer le système, mais cela ne nous avance pas beaucoup.

Je peux construire l’avenir ?

Le jour où j’en ai pris conscience, je me suis rendu compte que ma mission, en tant que parent, était de démontrer qu’on pouvait apprendre en expérimentant. J’ai découvert des initiatives permettant d’amener l’informatique aux enfants telles que Heure de code, Devoxx4Kids, Coding Goûter et Girls who Code.

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J’y ai vu des garçons et des filles de tous âges s’amuser à construire et à programmer des robots LEGO® MINDSTORMS®, à créer leurs jeux vidéo à l’aide d’Arduino ou de Raspberry Pi et surtout à prendre plaisir à travailler ensemble.

C’est là que je me suis demandé si je ne pouvais pas, moi aussi, mettre mon expérience de coach et de formateur au service des enfants. Je venais de suivre le cours Training from the back of the room. J’ai donc décidé d’utiliser ce modèle afin de créer une formation que je donnerais dans la classe de ma fille, soit à une vingtaine d’enfants de 11 et 12 ans.

En fait, je ne savais pas vraiment dans quoi je m’engageais. J’ai l’habitude de donner des formations en entreprise et de gérer un groupe d’adultes, mais rien ne m’a préparé à ce débordement d’énergie que j’ai eu lors de cette demi-journée ! Elle a été un succès fou ! Le plan de cours a été créé en utilisant le modèle des 4 C de Sharon Bowman. Si vous voulez aussi tenter l’expérience, vous pouvez utiliser le plan de cours ci-dessous :

  • Connexions (connections) : Les enfants ont pu explorer ce qu’ils connaissaient déjà de l’informatique. Pendant dix minutes, différents groupes ont réfléchi à ce qu’est un ordinateur, à la différence entre un ordinateur et un ustensile et aussi à ce qu’un ordinateur nous permet de réaliser.
  • Concepts : Là, on est allé dans les détails de l’informatique. Les ordinateurs fonctionnent grâce à l’électricité, et la seule chose qu’on peut voir, c’est si le courant passe, ou non. Cela nous donne donc deux états (chiffres) possibles : 0 et 1. Maintenant, un ordinateur peut comprendre des chiffres beaucoup plus élevés que 0 et 1. Donc, comment va-t-on les représenter ? En faisant l’analogie avec le système décimal (on ne connaît que dix chiffres différents, pourtant on en représente bien plus), j’ai pu introduire le système binaire, la représentation de chiffres jusqu’à 16. Finalement, on a clôturé l’activité par un exercice de codage/décodage : sur la base d’une représentation binaire de l’alphabet, ils pouvaient envoyer un message codé à leur voisin, et décoder le message qu’ils avaient reçu !

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  • Pratique concrète (concrete practice: Ici, on a fait un premier exercice sur papier afin de découvrir la programmation. Sur la base des exercices Graph Paper Programming trouvés sur code.org, les enfants devaient écrire les instructions pour que leur voisin reproduise une image pixelisée en noir et blanc à l’aide des cinq instructions suivantes : ⇨, ⇦, ⇧, ⇩ et (noircir). On a ensuite réfléchi sur l’optimisation de code (combien d’instructions avez-vous utilisées pour tel dessin ?), sur les bogues (qui a obtenu un dessin qui n’est pas conforme à ce qui était prévu ?), et cela nous a préparé pour le bouquet final : la programmation sur Snap. Après avoir réfléchi sur comment dessiner un carré en utilisant des instructions simples (avancer, tourner à droite de 90 degrés), ils ont pu laisser libre cours à leur imagination en expérimentant avec tous les blocs d’instructions disponibles.
  • Conclusion : Nous avons fait un débriefing de tout ce qu’ils ont appris lors de cette demi-journée. Tout le monde (les enfants et le professeur) était surpris par le plaisir ressenti pendant ce moment. Tous ont eu envie de retenter l’expérience. C’est là que j’ai regretté ne pas avoir préparé un document qu’ils pouvaient rapporter chez eux avec des liens utiles pour poursuivre l’expérimentation.

Après cette journée à l’école, le professeur m’a dit qu’il n’avait jamais vu les enfants aussi attentifs et motivés pendant une longue période, et sur des sujets finalement assez avancés. Le fait de laisser les enfants expérimenter et apprendre par eux-mêmes était une excellente occasion pour eux de se familiariser avec cet environnement, et ça leur a permis aussi de développer de belles compétences lors de l’exercice pratique sur Snap. De plus, cela m’a encouragé à retenter l’expérience et, d’ailleurs, cette année, ce sont deux classes qui m’ont demandé de passer ! Le futur est tout proche, et c’est à nous d’ouvrir la voie à nos enfants !

Charles-Louis de Maere

En tant que coach Agile, Charles-Louis s’éclate lorsqu’il a l’occasion d’accompagner des équipes sur leur chemin de l’Agilité. Pragmatique avant tout, il évite les dogmatismes et préfère trouver des solutions adaptées à l’environnement. Curieux de nature, il adore voyager et faire de nouvelles rencontres, que ce soit lors d’événements de la communauté, en donnant des cours de formation ou simplement lors de voyages en famille.

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