S’il est vrai que le Scrum Master doit savoir se faire entendre, parfois haut et fort, pour protéger son équipe, il doit aussi apprendre à se taire et surtout à écouter. Dans beaucoup d’équipes ou d’organisations, les personnes se parlent, mais ne s’écoutent pas. Chacun essayant de faire entendre sa voix, d’exprimer son point de vue, de montrer qu’il est là.

En tant que Scrum Master, lorsque l’équipe débute, on a tendance à être sur le devant de la scène, à parler pour expliquer Scrum, pour animer les rencontres, pour guider l’équipe lors des cérémonies, pour suivre ce qui se passe lors des mêlées quotidiennes. Bref, à être plus présent et plus directif. Cependant, après quelques itérations, l’équipe doit en savoir suffisamment sur la mécanique pour avoir acquis certains réflexes. À ce moment-là, vous devriez être en mesure de vous retirer symboliquement pour laisser l’équipe s’organiser.

Ce retrait symbolique est pour moi le moment de passer du bruit au silence, de la parole à l’écoute, de préférer les questions aux directives. Tout le monde vous le dira, je suis quelqu’un qui aime parler, j’aime aider l’équipe, expliquer, transmettre mes idées, mes valeurs, mes connaissances. J’ai cependant remarqué quelque chose de très important. Attention, c’est un scoop… Le silence est d’or!

Lorsque je participe à la mêlée quotidienne de l’équipe, comme Scrum Master, j’aime me placer dans un coin, en retrait, et écouter. En fait, je ne dors pas, je m’assure qu’on respecte le temps imparti. Je peux intervenir s’il y a des questions, et je prends des notes par exemple sur des points pour lesquels je veux questionner l’équipe (une tâche qui semble apparaître, mais qui n’a pas été créée, une tâche bloquée, un comportement que je remarque).

Pyxis_PSM_fr

Mais, bien entendu, je continue à participer à la synchronisation avec l’équipe et à transmettre l’information nécessaire. Parfois, j’utilise mes notes à la fin de la mêlée, lorsque tout le monde a parlé, pour poser des questions, faire prendre conscience de faits, de comportements. Certaines fois, je garde mes notes pendant quelques jours pour prendre le temps de vérifier que mes observations se reproduisent, pour laisser l’équipe expérimenter la difficulté liée à son comportement, etc.

Bien évidemment, tout est une question de dosage. Je ne laisse pas l’équipe s’empêtrer dans des difficultés trop graves. J’ai remarqué une chose, avec une équipe expérimentée, en usant de ce comportement silencieux suivi de questions pertinentes sur une base régulière, l’équipe attend la question, recherche le feedback à l’aide duquel elle apprend, et elle adapte son comportement pour s’améliorer par petits pas.

Dans le cas d’une équipe qui commence à travailler avec Scrum, il est nécessaire d’être plus directif. Cependant, dans le cas d’une équipe rodée (après quelques itérations), cela devient contre-productif et ralentit le travail de l’équipe. En effet, l’équipe adopte une attitude dans laquelle elle attend qu’on la dirige, qu’on la corrige dès le moindre écart. Elle ne prend donc pas le temps d’observer et de réfléchir à son attitude. Elle n’a pas non plus l’occasion de faire de faux pas « simples » qui lui permettent d’apprendre lorsqu’ils sont ramenés sous forme de feedback.

En disant cela, je n’invente rien, je partage simplement mon vécu, qui finalement illustre ce que nous transmet la littérature.

Votre expérience m’intéresse. Êtes-vous un Scrum Master loquace ou plutôt silencieux et à l’écoute? Quels changements de comportement observez-vous dans l’équipe lorsque vous faites évoluer votre propre comportement?

Note : Pour écouter, il faut accepter le silence. Voici deux trucs simples pour ne pas rompre le silence : comptez dans votre tête ou gardez un stylo dans la bouche (si vous ouvrez la bouche, il tombe).

Tremeur Balbous

Tremeur est un conseiller à Pyxis Suisse (pyxis-suisse.ch). Plus spécifiquement, il est un Scrum Master d’expérience, un coach intégral certifié et un facilitateur d’Immunity to ChangeTM. Il accompagne et conseille les organisations lors de transformations Agiles à l’aide de Scrum. Il travaille avec les équipes peu importe leur taille et leur emplacement. De plus, il coache les managers et les équipes de direction. Contactez-le; il adorerait partager avec vous sa passion pour l’Agilité et le développement humain.

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