Des startups, des sociétés de capital de risque, leurs intentions conflictuelles et la désillusion d’un coach Agile

Partie 4 de 4 – Finalement…

Ben et moi nous sommes retrouvés au bureau le lendemain matin. Nous avons alors décidé de tenir une séance de rétroaction. Ça faisait un bon moment déjà qu’on en avait tenu une, et maintenant semblait un aussi bon moment que n’importe quel autre. Notre état de stupeur de la veille était encore présent, mais nous étions aussi assez curieux. Curieux de ce que nous avions manqué et de pourquoi c’était arrivé. Nous savions que des « hypothèses » faisaient partie du problème et aussi qu’un sentiment « d’opportunité » régnait encore. Nous voulions un outil d’analyse simple. Nous avons donc décidé d’utiliser une matrice SWOT (strengths [forces], weaknesses [faiblesses], opportunities [opportunités] et threats [menaces]) adaptée à nos besoins. La voici :

swot

Dans la case « Hypothèses », on a mis toutes nos suppositions quant aux entreprises de capital de risque, startups, intentions et cultures. Dans la case « Réalité », on a entré toute l’information factuelle qu’on avait sur ces sujets, soit le capital de risque, les startups, les intentions et les cultures. Nous nous sommes également assuré que ces faits étaient vérifiables.

Dans la case « Tentatives et essais », on a mis toutes les choses qu’on a essayées et qu’on a tenté de faire en liant ces choses aux hypothèses correspondantes. Finalement, dans la case « Pivots et opportunités », on a entré toutes les opportunités et tous les éléments pivots possibles fondés sur le contenu de la case « Réalité ».

Voici un résumé de nos découvertes :

Tout d’abord, nous avions fait plusieurs hypothèses en ce qui concerne les sociétés de capital de risque et leurs intentions.

1re hypothèse — La société de capital de risque s’investit entièrement dans le succès du produit.

Dans les faits, c’est un peu plus compliqué que cela. La société de capital de risque s’intéresse certainement au produit, et ce, dès le départ quand elle investit dans la startup, mais leurs intentions respectives (capital de risque et startup) ne sont probablement pas les mêmes. La grande majorité des entreprises de capital de risque s’intéresse grandement à la commercialisation du produit tandis que l’intention de la startup peut être quelque chose de complètement différent ; par exemple, aider les gens à trouver le magasin de vêtements écoresponsable le plus près.

2e hypothèse — La société de capital de risque s’investit dans l’amélioration continue de la startup.

Nous avons constaté que la qualité et les connaissances des personnes constituant la startup sont importantes pour l’entreprise de capital de risque qui s’implique dans le démarrage de celle-ci. Toutefois, investir dans le plan d’amélioration continue de la jeune entreprise ne l’intéresse pas nécessairement. La société de capital de risque consacrera la majeure partie de son financement à attirer et fidéliser les clients par différents moyens, principalement le marketing.

3e hypothèse — La société de capital de risque choisit la startup pour les gens responsables du projet.

La plupart des sociétés de capital de risque font preuve de diligence raisonnable, ce qui veut dire qu’elles cherchent à savoir ce qui se cache vraiment sous le capot. Si elles trouvent quelque chose qui sonne l’alerte, soit elles atténuent le risque ou elles ne choisissent pas la startup. Elles tiennent rarement compte des personnes qui dirigent la startup. Si elles aiment le produit, mais ont des problèmes avec le personnel, souvent elles n’hésiteront pas à investir dans la startup, puis à changer l’équipe.

Ces évaluations peuvent sembler sévères. Cependant, Ben et moi en sommes parvenus au consensus suivant : les entreprises de capital de risque font simplement ce que les investisseurs exigent d’elles, c’est-à-dire faire de l’argent. Leur but : faire des profits. C’est ainsi depuis le tout premier spécialiste du capital de risque.

Ce que nous voulions tenter de faire, c’était d’offrir un cadre Agile de développement logiciel aux sociétés de capital de risque. La raison de notre échec, c’est que nous avons supposé que celles-ci avaient la même posture que le Product Owner (PO) dans un projet Agile. Cependant, ce n’est pas le cas. Par conséquent, nous devons admettre que la mentalité et les approches Agiles ne peuvent pas nécessairement aider les sociétés de capital de risque à atteindre leur objectif qui est, comme je l’ai indiqué plus haut, de faire de l’argent.

Toutefois, le développement Agile de logiciels peut aider les startups à atteindre leur objectif (du moins, celles produisant des logiciels). Et nous en avons vu quelques-unes faire un bon usage des méthodes Agiles. La réalité de ces jeunes entreprises, c’est que souvent elles ont très peu d’argent et le peu qu’elles ont sert à payer le matériel, la conception, le marketing et les salaires.

Étant des gens désespérément entêtés, Ben et moi sommes encore fortement tentés d’offrir notre programme aux startups. Nous croyons qu’elles sont des candidates parfaites pour le développement Agile de logiciels. Plusieurs d’entre elles ont d’excellents produits et idées, et notre intention, c’est de donner vie à leur projet respectif le plus efficacement possible, et ce, à l’aide des valeurs et principes découlant des méthodes Agiles.

Le problème, c’est qu’il y a plusieurs obstacles à surmonter pour pouvoir créer des incubateurs ou y intégrer des éléments, imaginez des sociétés de capital de risque…

La solution : Si nous ne pouvons aller vers les startups, nous les amènerons à nous. Ainsi, conjointement avec le propriétaire de notre nouvel espace de travail partagé, nous nous lançons dans l’aventure d’incubateur Agile intégral !

marc-andré langlais

Diplômé en génie informatique de l’École Polytechnique de Montréal en 1998, Marc-André compte plus de 15 années d’expérience en TI. Au cours de sa carrière, il a occupé plusieurs rôles dans des domaines variés, ce qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble du cycle de réalisation d’un projet.

Afin d’ouvrir ses horizons, il a résidé en Belgique de 2002 à 2009. C’est à partir de 2005 qu’il s’intéresse à la gestion de projet et aux méthodes Agiles, en particulier Scrum et Extreme Programming (XP). Depuis, il accompagne, forme et prend en charge des équipes sur des projets complexes.

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