Un réflexe, c’est un moment empreint de beaucoup de choses. Tout se passe en un instant, sans prévenir et sans garantie. C’est un événement rapide et souvent étonnant, voire surprenant. Nous avons plusieurs réflexes instinctifs (éternuer, tousser, cligner des yeux, etc.) et d’autres qui sont conditionnés avec le temps (non inné, provoqué par un stimulus extérieur). Ces derniers peuvent être entraînés, forgés, par la répétition et la mise en situation en continu. On cherche à obtenir une réaction précise dans une situation donnée. Qu’on soit membre d’une équipe, coach, gestionnaire ou toute autre personne ayant à interagir avec d’autres, on est confronté aux réflexes. C’est un sujet que je veux partager dans le but de mieux les comprendre et d’être en mesure de les développer selon nos attentes.

Comme exemple, je vais vous parler de ce qui m’est arrivé un certain samedi matin lors de mon jogging. Durant ma course, mon pied droit est resté accroché tandis que le gauche a continué d’avancer. Déséquilibre assuré! J’allais trop vite pour me rattraper; la chute était donc inévitable. Je me voyais tomber en pleine face. Dans la dixième de seconde suivante, mon corps s’est positionné automatiquement de la manière que je le fais toujours au dojo.

Chute? Non. Plutôt, roulade!

L’instant d’après, je me retrouve sur mes deux pieds en position de combat. Inspection rapide : pas de douleur, juste une toute petite égratignure sur une jambe; ce qui est négligeable. Je ramasse ma casquette et je me remets à courir.

3 étapes distinctes

Dans cette situation, il s’est passé 3 étapes distinctes : l’entrée sensorielle, le traitement et la sortie motrice. Il y a un parallèle à faire avec mon entraînement en aïkido, qui est sensiblement la même approche, et l’appliquer à une conversation :

La roulade La conversation
L’esquive
  • la prise de conscience de l’événement qui se produit
  • le conditionnement fait en sorte que mon réflexe n’est pas de tenter de me retenir avec mes mains, au risque de me casser les poignets
  • accueillir la conversation
  • prendre conscience de ce qui se passe
  • évaluer la situation
  • prendre conscience des émotions générées
  • on veut se retenir, ne pas réagir immédiatement pour ne pas mordre à l’hameçon qu’on veut justement éviter
Le déséquilibre
  • positionnement du corps
  • engagement complet dans le plan de faire la roulade
  • pas de place pour le doute, on se laisse envelopper par la chute
  • on sait ce qui va se passer
  • chercher à dévoiler les intentions, autant la nôtre que celle de la personne
  • se positionner physiquement dans une situation de rapport pour faciliter la conversation
  • ne pas contre-attaquer tout de suite au risque de ne pas créer la réaction voulue
  • ne pas chercher à rendre la personne mal à l’aise, essayer plutôt de la rendre réceptive au dialogue
La technique
  • l’application de la roulade tout simplement
  • c’est la partie la plus simple, car tout le processus d’esquive et de déséquilibre est déjà fait
  • on pose les grandes questions
  • on exprime le plan d’action
  • on s’assure d’un maximum de réceptivité
  • on s’assure d’être clair, de ne pas rester nébuleux
  • on montre ses couleurs sinon tout le travail fait avant pourrait ne pas servir

Il n’y a aucune garantie que ça va fonctionner chaque fois. Il est possible de devoir exécuter plusieurs esquives et travailler à apporter la personne en déséquilibre un peu plus longtemps avant d’arriver à exécuter la technique voulue. Il peut très bien y avoir de multiples échanges avant qu’on soit à l’aise à se rendre à la technique. Il faut y aller graduellement. C’est un peu comme passer plusieurs ceintures avant d’arriver à la ceinture noire. L’important est de se lancer dans plusieurs conversations, à divers niveaux, dans le but de se former à réagir comme on veut. On cherche à travailler le réflexe voulu dans de multiples situations, car il n’existe pas deux conversations pareilles.

En apprentissage, il faut s’écouter, prendre des notes et voir comment on aurait pu mieux faire. De cette façon, à la prochaine esquive, il faudra se le rappeler et le mettre en application. En parler à votre entourage pour les informer du réflexe que vous tentez de développer est aussi une astuce. Ces personnes peuvent vous aider à vous écouter sur ce point et vous le dire sur le moment. Sue Johnston et Andrew Annett proposent des katas de communication (Agile Tour Montréal 2013) à pratiquer pour développer de tels réflexes. Un autre bon réflexe est d’utiliser votre mot de passe pour vous rappeler constamment votre but.

Un réflexe n’est pas là pour nous immuniser. Ça nous aide à gérer une majorité de situations similaires. Physiques ou mentaux, les réflexes surviennent aux moments pour lesquels on s’est préparés et ils sont à la hauteur des efforts qu’on y met.

dave jacques

Dave a la certitude que l’Agilité peut aider les gens à s’améliorer et à améliorer leur travail. Il a à cœur la satisfaction de ses clients et il a toujours le souci d’ajouter de la valeur. Il porte une attention particulière tant au savoir-faire qu’au savoir-être. De plus, il contribue au développement de ces deux facettes.

Formateur, Scrum Master (PSM 1, CSM), coach, leader, analyste, développeur, Dave porte plusieurs chapeaux, souvent en même temps, lors de ses interventions en développement de système. En plus de l’Agilité, il est un amant du thé, de l’écriture et de l’aïkido.

Billet précédent

La Belgique Agile

Billet suivant

L'eau de la piscine est froide? Qu'attendez-vous? Plongez!

Pas de commentaire

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.