Des startups, des sociétés de capital de risque, leurs intentions conflictuelles et la désillusion d’un coach Agile
Partie 1 de 4 — Le pitch
Au cours de la dernière année, j’ai surtout travaillé à partir d’espaces de travail partagés, de cafés, de campus universitaires ici et là et, lorsque je suis très chanceux (c.-à-d. lorsque j’ai assez d’argent), je loue un truc sur le bord d’une plage et savoure un smoothie à la noix de coco tout en travaillant sur mon fidèle portable.
Que puis-je vous dire d’autre à part que la vie est belle lorsqu’on se trouve à la bonne place au bon moment? Mais je saute du coq à l’âne… La raison de ma digression est très simple. L’histoire que je m’apprête à vous raconter a lieu dans un espace de cotravail. Les personnes qui ont démarré une startup ou qui y ont travaillé connaissent bien l’atmosphère qui y règne.
Si vous êtes de ceux qui font du 9 à 5 dans un bureau et qui ne savent pas ce dont il s’agit, imaginez-vous une petite ou grande bibliothèque où vous avez le droit de parler (sans les collections de livres et la bibliothécaire) et qui est remplie de geeks, nerds cool, concepteurs et autres fervents adeptes de tout ce qui s’appelle innovation.
La plupart des espaces communautaires de travail offrent les mêmes services : une table ou un bureau pour travailler, l’accès à des mentors et coaches ainsi que différents événements (ex. : 5 à 7 et activités de réseautage). Mais le plus important, ils vous permettent d’être en contact direct avec des entreprises de capital de risque lors de soirées où des panélistes viennent écouter et donner leur avis sur les idées de startups qui sont lancées.
Étant nouveau dans l’écosystème des jeunes entreprises, voici ce que je pensais initialement des entreprises de capital de risque : des investisseurs passionnés voulant amener des startups de concept à réalité le plus rapidement et le plus efficacement possible.
Comme vous le savez, je suis un coach Agile et, à ce titre, ma formation professionnelle me permet de déceler les situations où une approche Agile serait bénéfique et permettrait aux équipes de développement de produire un logiciel ayant une incr… Attendez une minute! j’pense que vous connaissez le boniment, je vais donc vous éviter le pitch de vente Agile.
Au fond, je voyais une occasion pour mon partenaire et moi d’aider les firmes de capital de risque et les startups avec une approche Agile de développement logiciel. Cela dit, je savais que plusieurs startups étaient déjà des fervents du développement Agile de logiciels, mais ce qui m’a sauté aux yeux c’était l’occasion pour les firmes de capital de risque de tirer profit de ce type d’approche piloté par la valeur d’affaires.
J’avais l’intention de présenter l’Agilité aux firmes de capital de risque et de leur faire savoir combien elles pourraient en bénéficier. Démonstrations de projets pilotés par la valeur d’affaires, incréments de logiciel fonctionnels, rétrospectives, etc. Ces firmes avaient beaucoup d’avantages à en tirer, du moins, c’est ce que je pensais…
Armé de ma passion pour l’Agilité et convaincu que c’était pour révolutionner l’industrie des startups, je me suis empressé de réserver une place à l’une des soirées organisées par un espace de cotravail que je fréquente en collaboration avec une entreprise de capital de risque du coin.
La soirée semblait ne plus vouloir finir alors que j’étais assis à écouter les présentations de cinq startups et les séances de rétroaction. J’en ai profité pour observer chaque réaction des investisseurs potentiels relativement aux produits présentés. Ainsi, je pourrais les aborder en leur demandant leurs impressions concernant une startup en particulier ou tout le lot. J’avais hâte à la fin de la dernière présentation! Aussitôt le microphone éteint, je me suis levé et dirigé vers Paul, le principal panéliste à la table de la firme de capital de risque.
« Salut Paul, je m’appelle Marc. J’aimerais prendre quelques minutes de ton temps pour te parler d’un type d’approche de développement logiciel qui, je crois, pourrait être très profitable à toutes les firmes de capital de risque comme la vôtre en ce qui concerne leur participation financière au démarrage de startups à long terme. »
« Humm, intéressant. Permets-moi de te présenter mes collègues, Matt et Dave. Peut-être que tu peux partager ton idée avec eux. Je dois y aller maintenant, car j’ai quelqu’un à rencontrer », me dit-il sans attendre en engageant poliment lesdits Matt et Dave dans la conversation.
Je me suis dit : OK, petit imprévu, j’suis aussi bien de me jeter à l’eau en espérant que ses « collègues » seront plus intéressés.
Je me suis alors tourné vers Matt et Dave qui étaient debout près du comptoir, souriant distraitement tout en sirotant une boisson offerte gracieusement aux personnes présentes à l’événement. Je me suis lancé tête première dans la conversation : « Est-ce que les approches Agiles de développement logiciel vous sont familières? »
Ils se sont regardés et ont répondu non en même temps. Jusqu’ici tout va bien, me suis-je dit en pensant qu’ils allaient avoir toute une révélation.
« Il s’agit d’approches qui, je crois, aideront votre firme à minimiser les risques et permettront à vos équipes responsables des startups à produire plus de valeur d’affaires sans délai, à gérer la complexité et le changement ainsi qu’à améliorer la collaboration », dis-je sur le ton du meilleur représentant en moi.
Leur réaction a été instantanée : sourcils levés montrant leur intérêt, oreilles dressées affichant leur curiosité et yeux grands ouverts d’étonnement. Ils ont gobé tout le paquet!
« Les gars, je pourrais tout vous expliquer ici, mais c’est un peu bruyant et je dois aller rejoindre d’autres personnes. Que diriez-vous d’une courte rencontre au début de la semaine prochaine autour d’un café? » J’ai fait de mon mieux pour leur sortir le « je suis assez important pour vous envoyer promener et prétendre avoir une rencontre » comme Paul venait de me le faire.
D’un mouvement rapide et sans laisser le temps à Matt et Dave de répondre, j’ai sorti deux de mes cartes professionnelles et les leur ai remises, puis je leur ai serré la main.
Je leur ai dit : « J’vais vous envoyer une invitation demain. Ça vous va? »
Encore une fois, ils ont répondu simultanément et sans hésitation aucune : « Bien sûr ».
Je me suis dirigé rapidement vers un ami qui, je le savais, serait disposé à me parler, et que ce serait comme si c’était prévu.
L’événement tirait à sa fin; les gens quittaient peu à peu la salle. D’habitude, je reste jusqu’à la toute fin, mais pas cette fois-ci. Je devais bien jouer mes cartes et avoir l’air occupé, comme si j’étais attendu ailleurs même s’il était 22 heures.
Le lendemain matin, je leur ai envoyé une invitation électronique pour une rencontre de 90 minutes ayant lieu le mardi suivant de 10 h à 11 h 30. Les cartes étaient en place. L’attente a commencé…
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