Ce titre me semble si… banal, presque anodin. Il ne l’est pas. J’ai vraiment eu peur. Et cela m’est vraiment arrivé. J’ai surtout eu peur de rendre ma fille orpheline. À 42 ans, boum, le cœur « crash », puis meurs. J’ai appelé Info-Santé, leur ai raconté ma mésaventure : mon cœur qui me fait des misères, le serrement à la gorge, la tête qui me tourne et les bras engourdis. C’est surtout les bras engourdis qui m’ont mis la puce à l’oreille. C’est que deux jours plus tôt, j’avais recherché sur notre moteur de recherche préféré les symptômes d’une crise cardiaque, car ma mère de 64 ans nous en a claqué une juste devant nous dans la cuisine — oui, elle était ici légèrement clandestinement si vous vous demandez, en fait ce n’était apparemment qu’un léger infarctus. Ça secoue pareil. Ma mère fait un gentil séjour à l’hôpital et moi pendant ce temps je bascule dans une secousse d’angoisse sortie de presque nulle part. Je vous rassure, les ambulanciers sont venus et m’ont assuré qu’il ne s’agissait que d’une crise d’angoisse et non d’un infarctus.

Je continue à réfléchir sur comment j’ai pu laisser mon cerveau capoter ainsi et créer un « shut down » pareil. Est-ce que je ne suis pas en symbiose entre mon cœur, ma tête et mon corps suffisamment pour que ce cerveau, fabuleux héritier de milliards de transitions et de constructions, ne puisse traiter de façon plus juste mon environnement, qui ne me menaçait pas outre mesure? Voyons!

Pourquoi ai-je finalement succombé à une telle panique? Tous les jours, presque, je me sens énergisée devant tous les beaux défis qu’occasionne cette pandémie. Je suis curieuse et même frivole quant à l’issue des chamboulements qui émergeront ainsi que des transformations individuelles, organisationnelles et sociétales qui en découleront demain ou après-demain, voire dans quelques années. Je m’y prépare avec un regain de sérénité, trouvant même un réconfort dans un futur qui sera plus humain et davantage en accord avec le rythme que prescrit la nature et notre planète. Une cadence plus lente, fluide, qui respecte notre rythme circadien ainsi que celui de notre écosystème. Des fois, j’ai même l’impression d’être née pour vivre cette histoire qui s’écrit présentement!

Plus j’y pense, plus je me dis que mon enthousiasme, l’exaltation qui m’habitait, quoique véritablement ressentie intellectuellement et certes psychologiquement, ne me permettait pas d’entrer en contact, ou du moins de prendre le temps de toucher à la peine ainsi qu’aux infinis micros deuils qu’occasionnent autant de changements soudains. Une bonne dose d’optimisme est nécessaire pour être résiliente, pour autant qu’elle est aussi accompagnée de réalisme. Chevaucher les vagues d’émotions positives nous permet de maintenir la tête hors de l’eau et de garder le cap vers l’idéal, tout comme générer des solutions créatives en temps difficiles. Or, il ne faut pas taire l’enfant effrayé en nous qui souffre de la perte de ses repères habituels. Nous avons assurément plusieurs deuils à faire en ce moment et il importe de les reconnaitre et de les nommer. J’ajouterais qu’il faut en parler! Avec nos proches, nos voisins, il faut échanger nos perspectives, dialoguer, écouter, s’écouter aussi. Il importe d’ouvrir le dialogue en soi et avec les autres pour ensemble créer du sens des évènements extraordinaires qui ont cours. On ne peut nier l’impact de ces évènements troublants : il faut en parler.

Mais qu’est-ce que l’anxiété tente de nous dire ?

Une telle panique ne peut être qu’un signe, une alerte ou un message que notre corps tente de nous envoyer, ne croyez-vous pas aussi? Une chose à laquelle nous tenons est à risque d’être perdue? Les émotions nous parlent certainement. Elles cherchent à nous rappeler ce que l’on tient au plus profond de nous. L’anxiété, comme tout autre type d’émotions, doit être considérée tout simplement comme une source de données! De l’information qu’il nous faut traiter pour nous aider à atteindre notre idéal, nos objectifs et ainsi s’émanciper!

L’importance de dorloter notre système immunitaire et nerveux

Dès le jour 1 de cette crise sanitaire, je me suis mis à parler d’angoisse et de l’impératif de prendre soin de soi (à lire ici), et des siens, et de l’importance de chouchouter notre système immunitaire en quelque sorte. Il n’y a pas que ce système à dorloter, il y a surtout notre système nerveux. Je vous invite sincèrement, ainsi que moi-même, à ne pas nier vos préoccupations quant aux divers évènements qui nous accablent et à respirer, à aller prendre une marche dans la nature, dans votre cours, au parc, pieds nus! Regardez les oiseaux voler, écoutez leur chant, tout cela peut apaiser grandement nos systèmes nerveux trop sollicités en ce moment de pandémie.

L’impact positif du body scan et de la respiration consciente

J’avais probablement besoin de ce moment de vulnérabilité pour prendre contact avec mes peurs ainsi que mes nouvelles limites, et ainsi apporter quelques ajustements dans ma routine. En commençant par un “body scan” pour observer les tensions dans mon corps, comme des serrements à la poitrine, dans le ventre ou des épaules tendues et la mâchoire crispée. Puis d’emblée apporter les changements nécessaires pour apporter de la détente et de la compassion pour moi. Il peut s’agir tout simplement d’étirements et de respirations conscientes ou de courte période de méditation ou même de visualisation. Dès l’apparition d’un signe de stress ou de panique, la respiration intentionnelle me permet d’instaurer le calme dans mon corps, tout comme dans mon esprit, ainsi qu’à ralentir mon rythme cardiaque. La respiration consciente favorise un meilleur contrôle de moi pour ainsi prendre des décisions plus connectées à un état calme qu’à une réaction de peur.

La réflexion et la gratitude

Il semble aussi nécessaire de créer des opportunités pour davantage de réflexion et cultiver une pratique de gratitude. Il peut être intéressant de simplement noter tous les jours trois éléments pour lesquels nous sommes appréciatifs. Il y a même des applications sympathiques pour nous rappeler de pratiquer la gratitude au quotidien comme presently.

Étiqueter et nommer les émotions

Il demeure important de sentir venir les émotions difficiles comme l’anxiété, et de les nommer. La recherche évoque que par le simple fait d’étiqueter nos émotions, nous diminuons illico leur impact sur nous. Le choix est toujours le nôtre, nous pouvons décider de rester prisonniers des émotions difficiles ou choisir de nous concentrer sur d’autres types d’émotions, comme la joie ou la plénitude.

Prendre soin de soi et des autres

Savoir prendre soin de nous fait de nous de meilleurs parents, de meilleurs coachs et de meilleurs leaders, car en retour, nous apprenons à être au service des nôtres. Et oser expérimenter sans jugement les envolées émotionnelles, jusqu’aux crises d’angoisse, nous permet d’améliorer notre propre relation avec nous-mêmes et les autres. D’être plus près de nos émotions, plus bienveillant et empathique pour nous et pour nos proches.

Petit guide facile pour une pratique de méditation et de respiration consciente de 5 minutes afin de dissoudre l’anxiété et reprendre le contrôle sur soi en s’ancrant :

  1. S’asseoir dans une assise confortable sur le sol, un coussin ou une chaise, le dos allongé, mais pas trop rigide, le nombril légèrement enfoncé vers la colonne vertébrale, la nuque allongée dans le prolongement de la colonne, les épaules relâchées. Les mains peuvent être déposées sur les cuisses, les paumes vers le ciel. Les mâchoires décrispées, le front est lisse, le regard est doux, laissé apparaître un léger sourire sur vos lèvres. Inspirez. Et expirez lentement et longuement pour laisser échapper et dissoudre toutes préoccupations.
  1. On tourne notre attention sur notre respiration naturelle, l’air qui entre par les narines et en ressort. Le mouvement de la respiration pénètre la trachée, la région des poumons et du milieu et du bas du ventre. Ne pas forcer la respiration, la laisser couler naturellement.
  1. Vous pouvez compter de 1 à 5 lors de l’inspiration, lorsque l’air pénètre votre corps et comptez également de 1 à 5 sur l’expiration. L’expiration permet de rééquilibrer vos systèmes nerveux et de vous ancrer dans votre corps. Prêtez une attention toute particulière sur la sortie de l’air que ce soit par la bouche ou les narines, car pour libérer les émotions difficiles c’est à l’expiration que cela se produit. Se connecter à sa respiration permet de revenir dans le corps et sortir du mental, des ruminations et des pensées parasites; car dans le moment présent, tout est parfait.

Prenez soin de vous!

P.S. J’ai écrit d’autres billets pour nous accompagner sereinement dans tout ce que l’on vit d’extraordinaire :

Rien n’est permanent sauf le changement
Comment ça va
(Re)Trouver son calme au cœur de la tempête

Zélia Lefebvre

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Les quadrants de l'approche intégrale

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1 Commentaire

  1. chando20@gmail.com'
    Eric C.
    16/06/2020 at 16:59 — Répondre

    Merci pour ce texte. Je fais de plus en plus des crises d’anxiété ces derniers temps. Ma psychologue m’a recommandé le livre “Je réinvente ma vie”, lecture géniale.

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