Dans cette série de billets, mon intention est de montrer que pour soutenir les autres dans leur développement, notre outil le plus puissant est de nous autoriser à être nous-mêmes.

Je me présente : Julia, coach en développement intégral et facilitatrice. Avant tout, je suis une humaine qui fait de son mieux, parce je trouve qu’être un humain sur Terre, ce n’est vraiment pas de tout repos. Et d’autant plus quand on accompagne les autres…

Au cœur de ma vie, il y a l’intention de contribuer au développement des autres. Je me questionne d’ailleurs régulièrement à ce propos :

Que puis-je faire pour servir au mieux les personnes que j’accompagne ? Comment puis-je créer l’espace et les conditions pour permettre et soutenir leur évolution vers plus de conscience d’eux-mêmes, de liberté intérieure, de confiance, de joie et de rayonnement spontané de leurs talents ?

Aujourd’hui, je souhaite vous partager une expérience et un apprentissage. L’une de mes grandes prises de conscience, c’est que pour permettre la transformation de l’autre, ce qui est le plus puissant et a le plus d’impact, c’est de m’autoriser à être moi-même. Oser penser, dire, faire, avec spontanéité ; montrer ma faiblesse, dire ce qui me traverse, m’autoriser l’imperfection.

Facile à dire. Carrément moins facile à faire. Au programme, donc : oser être soi, ce qui implique d’apprendre à être soi.

1/ Oser être soi

Je vais vous raconter une histoire :

Avec mes coéquipiers Éric et Christian, nous avons récemment animé une séance de team building. Nous avons été briefés par Céline, la responsable des ressources humaines. Céline nous a expliqué l’enjeu : deux équipes, situées dans deux pays différents (pas très proches géographiquement et culturellement), font désormais partie d’une seule et même plus grande équipe. En tout, il s’agit d’une soixantaine de personnes. Elles se connaissent peu, se côtoient rarement et vivent des problématiques différentes.

Constance, la manager, a décidé de les réunir durant deux journées et demie. Elle souhaite leur permettre de créer entre eux un socle de confiance. Elle souhaite leur faire ressentir qu’elles peuvent se soutenir mutuellement. Elle souhaite leur donner envie de prendre du temps pour travailler ensemble.

Nous faisons une proposition à Constance et Céline, axée sur la création de liens et de confiance, l’authenticité, la sensation d’appartenance. Le tout dans un cadre de bienveillance.

Constance étant très occupée, nous avançons avec Céline, la responsable RH, concernant le contenu, le cadre, le budget. Avec Éric et Christian, nous engageons notre temps, notre créativité, notre énergie. Nous sommes enthousiastes, car nous sentons un réel alignement avec les valeurs que la manager et la responsable souhaitent incarner et faire vivre.

La rencontre

Vient le moment de rencontrer Constance. Ce rendez-vous est organisé virtuellement car elle est basée à l’étranger. Le rendez-vous se déroule en anglais, par appel conférence, avec Éric, Constance, son assistante anglophone et moi. Nous avons une heure, c’est moi qui guide la conversation.

Et… je me laisse embarquer. Je me sens impressionnée, je me mets de la pression pour « être à la hauteur. » Au lieu d’honorer ma règle d’or (commencer les réunions par un temps de connexion d’humain à humain), je saute dans le contenu. « Viiiite, Julia ». Il s’agit de présenter à Constance et à son assistante le contenu du séminaire. À l’autre bout du téléphone, je sens Constance très pressée. Elle partage ses besoins de façon directe : plus de contenu, de l’information détaillée concernant le déroulé (qui, quand, où ?) Je la sens très exigeante, ayant besoin de contrôler beaucoup de détails.

Plus la conversation avance, et plus j’ai l’impression que ce qu’on a proposé est nul. Peu à peu, devant ma présentation avec des images de coquillages et de camionnette qui part à l’aventure, mon corps se glace, je ne respire plus, je deviens toute tendue. Je sens que je perds mes moyens, que je deviens complètement incompétente.

Je me rappelle un outil précieux en accompagnement : la pause « méta » — arrêter le fil de la conversation pour prendre de la hauteur, en nommant ce qui se passe pour moi. Je galère, mais j’essaye. Je tente de partager mon expérience avec Constance. Je marche sur des œufs. Cela n’ouvre pas d’espace neuf de conversation. Je ne sais plus quoi faire, quoi dire. Je sens qu’Éric, comme moi, est pris de court.

Nous terminons la conversation en acceptant sa demande, en acceptant de revoir notre copie. C’est un OK mou, tellement plein de doute, en moi. Je me sens mal à l’aise, désengagée. Je me sens toute rigidifiée et rapetissée. En raccrochant, je me dis : « Je me sens incapable d’avancer, j’ai perdu tous mes moyens ». Avec Éric, nous nous rappelons. Je lui partage mon état. Je lui dis que je ne me sens pas du tout capable de poursuivre la collaboration sur le projet. Je lui explique que pour ce team building, il me semble si important d’incarner avant tout dans la relation avec Constance, et entre nous, les valeurs que nous souhaitons mettre en avant : confiance, connexion, authenticité, soutien, spontanéité, enthousiasme, énergie, joie.

Je n’ai pas vécu cela, je n’ai pas ressenti cela. J’ai l’impression d’une impasse. Nous n’avons pas été capables de créer cela. En fait, après la conversation que nous avons eue, Je ne vois même pas comment cela serait possible. Et en ce qui me concerne moi, je ne suis plus reliée à mon potentiel, à ma capacité. Tout mon corps dit non. Je ne veux plus, je ne peux plus.

Éric partage largement mon ressenti concernant la relation à Constance durant cette conversation. Il me rassure. Il me rappelle que je ne suis pas seule, que nous sommes une équipe, et que la vie nous offre là une opportunité d’apprentissage.

« Ok, Éric. Ayons confiance en ce que la vie apporte alors. Wow ! Grosse opportunité pour moi de grandir. »

Lisez la deuxième partie.

Julia Peyron

Julia est coach en développement intégral, facilitatrice et formatrice à ODDES Conseil. Elle aime plus que tout aider ceux qu’elle accompagne à déployer leurs talents et ressources intérieures d’une façon alignée, afin qu’ils puissent contribuer aux autres et au monde dans l’authenticité, la joie et l’évidence.

Son approche est holistique, intégrant notamment les trois centres de notre puissance en tant qu’humains (notre tête, notre cœur et notre corps), la dimension relationnelle, ainsi que l’enjeu du sens et de l’impact sur notre planète en transition.

Julia est basée à Paris et intervient en accompagnement individuel et collectif.

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